Œuvre méconnue du répertoire de Terence Fisher, Si Paris l’avait su ! s’inscrit pourtant dans la logique thématique du cinéaste, sensible à la lutte du Bien contre le Mal.
Si Paris l’avait su
Réalisation : Terence Fisher, Antony Darnborough
Royaume-Uni • fiction • 1950 • 1h41 • 35mm • noir et blanc • vostf
avec Jean Simmons, Dirk Bogarde, David Tomlinson, Andre Morell, Marcel Ponsin, Cathleen Nesbitt…
Scénario de Hugh Mill et Anthony Thorne
Synopsis
Le séjour infernal de Vicky Barton, une jeune anglaise en visite avec son frère à Paris pour l’Exposition Universelle de 1889. Séjournant dans un luxueux hôtel, ce dernier disparaît mystérieusement au lendemain de leur arrivée. Inquiète, la jeune fille se lance à sa recherche mais son enquête s’avère d’autant plus impossible que le personnel de l’hôtel prétend que Vicky est arrivée seule à Paris…
Cette même histoire a été reprise dans la première saison de la série Alfred Hitchcock Présente, sous le titre « Into Thin Air« , dans laquelle on voit jouer la fille du réalisateur anglais Patricia Hitchcock. Seule modification par rapport au film : la fille arrive à Paris avec sa mère au lieu de son frère.
Après ce film, Jeans Simmons s’est envolée pour faire carrière à Hollywood. Elle a signé un contrat avec la FOX pour jouer dans de luxueuses productions historiques, notamment dans La Tunique, premier film en cinémascope.
Si Paris l’avait su est le 7eme film de Terence Fisher, c’est le 1er film d’Antony Darnborough. Ce dernier va ensuite s’orienter principalement vers la production.
« Remarquable à tout point de vue, Si Paris l’avait su illustre à quel point certains thèmes se trouvaient déjà présents en 1950 dans les premiers films de Terence Fisher. Le film aurait pu tout aussi bien se transformer, avec relativement peu d’altérations, en un film de vampires. Le thème fishérien de la lutte entre le Bien et le Mal est constamment présent : le Bien (l’innocence, le rationnalisme anglais) est présenté sous les traits de Jean Simmons et Dirk Bogarde, alors que le Mal (Paris, les Français), comme toujours chez Fisher, apparaît sous le vernis artificiel de la beauté de Paris et de l’Exposition universelle (décor flamboyant de l’hôtel, le Moulin-Rouge). Sous ce vernis, Fisher affirme une totale maîtrise de son sujet en offrant des plans d’une composition picturale étonnante. Bénéficiant d’un budget important, Fisher a su reconstituer avec minutie le Paris de la fin du xixe siècle. »
Stéphane Bourgoin, Terence Fisher, Edilig
La critique lors de la re-sortie en salle, le 9 novembre 2011.
« Le plaisir est grand de retrouver la belle Jean Simmons et un Dirk Bogarde tout jeunot dans ce film méconnu, et depuis longtemps invisible, de Terence Fisher (Le Cauchemar de Dracula). L’intrigue rappelle Une femme disparaît d’Hitchcock, humour compris – du moins jusqu’au dernier quart d’heure…
Une miss anglaise un peu oie blanche, chaperonnée par son frère, arrive à Paris pour l’exposition universelle de 1889. Le lendemain, le garçon est introuvable. Pire encore : personne ne se souvient l’avoir vu. Et la chambre d’hôtel où il est censé avoir dormi n’existe pas… Fisher filme ce cauchemar éveillé dans un Paris de carte postale reconstitué en studio, avec un luxe décoratif qui, par contraste, rend encore plus étrange l’intrigue. La résolution de l’énigme en surprendra plus d’un. Sans la dévoiler, précisons qu’elle annonce les grands films gothiques du cinéaste… » Samuel Douhaire
Film sombre à suspense, Si Paris l’avait su est un modèle du genre. Le scénario, construit à l’image des plus grands romans policiers, transporte le spectateur entre inquiétude et malaise jusqu’au surprenant dénouement final. Dans ce Paris du XIXème siècle, minutieusement reconstitué, Fisher offre de superbes moments de suspense accentués par un récit intensément fantastique. Au milieu d’une agitation continuelle rythmée par l’inauguration de l’Exposition Universelle, l’innocence de Jean Simmons apporte une note subtile d’émotion et de légèreté.
Catégories :A (Re)découvrir